Qu’on se le dise, la transformation alimentaire est en marche. Dans un contexte si tendu de changements climatiques, de crises économiques, sociales et sanitaires, nous ne pouvons plus fermer les yeux sur nos modes de consommation et de production. Trouver des systèmes alimentaires plus durables et plus résilients est crucial. Et cela commence à l’échelle du territoire !

L’approche territoriale présente de nombreux avantages. Tout d’abord, car elle répond à un besoin des consommateurs, de plus en plus nombreux à exiger plus de transparence, proximité et lien dans leur assiette. Certains ont à coeur de manger local et l’approche territoriale répond à cette promesse en favorisant des initiatives à petite échelle et en augmentant la production alimentaire de proximité. A l’échelle de la commune, du département, voire de la région, elle facilite l’accès à des aliments sains et durables tout en participant à l’économie locale.

L’approche territoriale permet également d’unir plus facilement les maillons de la chaine alimentaire. En effet, en prenant en compte différentes composantes (notamment production et distribution), le territoire permet d’associer tous les acteurs (économiques, sociaux, environnementaux) dans un objectif commun. C’est le cas, par exemple, de la métropole de Dijon dont le projet de transition alimentaire ProDij porté par Philippe Lemanceau VP de Dijon Métropole et qui ambitionne « d’impulser une nouvelle dynamique territoriale alimentaire, durable, accessible, profitant davantage à la fois au producteur et au consommateur » à travers une association inédite de territoires urbains et ruraux. De la fourche à la fourchette, un projet audacieux déterminé à garantir à tous une alimentation saine et équilibré, des produits locaux respectueux, à promouvoir une dynamique durable de l’environnement pour ses activités agricoles et à développer les activités agroalimentaires et de restauration créatrices d’emploi. Expérimentation à l’échelle de la métropole, Dijon déploie un nouveau modèle exportable à de plus grandes villes afin d’inventer un modèle d’alimentation durable d’ici à 2030 !

Nombreuses sont les initiatives impliquées dans la transition alimentaire et présentant des opportunités d’innovations pour les filières. Les centaines de candidatures aux Lauriers de la Transition Alimentaire, concours organisé Freddy Thiburce fondateur de Manger du Sens, en attestent. Cependant, l’approche territoriale n’est pas sans limites. Beaucoup d’initiatives se développent à l’échelle du territoire mais sont bien souvent dans l’incapacité de passer à l’échelle. Certains projets échouent à étendre leur champ d’influence ou ne sont, en pratique, tout simplement pas transposables.
La difficulté à pénétrer les marchés, la persistance de certaines politiques publiques et la résistance d’acteurs traditionnels peuvent aussi être mises en cause. Denis Olivier en a fait l’expérience avec Meal Canteen, une application anti-gaspillage à destination des restaurations collectives, qui pour contourner les refus de gestion concédée de la part de certains acteurs du secteur s’est donc tourné vers la gestion directe afin de continuer à proposer une offre en accord avec son business model vertueux et circulaire.

Les collectivités territoriales peuvent être également frileuses, les décisions politiques longues à prendre et freiner le développement et l’expansion d’initiatives. Mais l’un des grands freins reste probablement, d’après Loic de Béru, la perte d’attractivité des métiers de l’agro-alimentaire auprès des jeunes. Si ces derniers sont très sensibles aux questions en lien avec leur alimentation, la plupart ne souhaitent pas nécessairement en faire leur métier. D’où l’intérêt pour les collectivités de s’adapter et de collaborer, qu’il s’agisse de redynamiser ces métiers ou de co-construire avec le monde agricole, les établissements et les jeunes un nouveau modèle capable de leur offrir des perspectives de travail innovantes, aussi bien à l’échelle locale que nationale.

La transition alimentaire répond à des aspirations profondes et doit être accélérée. Sa réussite passe par les territoires mais pour cela une plus grande technicité et une valorisation des métiers de l’alimentaire sont nécessaires. Les initiatives innovantes sont nombreuses mais les soutiens sont parfois trop fragiles, diffus. Plus que jamais la co-construction ainsi que l’association des maillons de la chaine alimentaire sont de mise, à l’instar du travail effectué par le Conseil National de la Résilience Alimentaire qui s’est donné pour objectif de « rassembler, structurer et porter les voix » des acteurs engagés au service d’innovations en lien avec nos défis alimentaires actuels.

Notre mission est claire et commune, aucun citoyen ne doit être laissé de côté et leur sensibilisation à l’échelle des territoires est clé pour mettre en place des actions qui nous permettront à tous de manger avec conscience, de réduire le gaspillage alimentaire à sa source et de créer un impact climatique durable au service de l’humanité et de notre planète.

Lien vers le replay du Webinaire sur YouTube :

https://www.youtube.com/watch?v=gLSpkYJt-gQ&t=9s

Cet article est une synthèse du webinaire de Planet Food Santé, enregistré le vendredi 13 Janvier 2023. Les intervenants présents étaient les suivants :
- Freddy Thiburce, fondateur de la plateforme Manger du Sens et des Lauriers de la transition Alimentaire - Rennes.
- Loïc de Béru, fondateur de 109 conseils – Acteur de la transition Alimentaire sur le territoire Nantais - Nantes.
- Philippe Lemanceau – VP de la Métropole de Dijon en charge de la transition alimentaire
- Denis Olivier, fondateur de la start-up Meal Canteen.