07/11/2022

Manger du Sens

AGRICULTURE : LES TROIS DRAMES DU BIO SELON LA COUR DES COMPTES

Par Marie-Josée Cougard - Les Echos
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La France n'a pas atteint ses objectifs de développement de l'agriculture bio. La Cour des Comptes estime dans un rapport dédié que les aides sont insuffisantes, le consommateur mal informé et les labels trop nombreux. 

Après avoir suivi une croissance à deux chiffres pendant des années, le marché du bio s'est brusquement inversé en France , reculant de 1,3 % en 2021. Les produits sont jugés trop chers. Des excédents sont même apparus dans certaines productions comme le lait et les oeufs, au point que le lait bio est déclassé et vendu comme du lait standard... La Cour des Comptes a passé des mois à étudier l'agriculture bio et lui a consacré un rapport de 350 pages, qui évalue la politique menée. Il en ressort plusieurs constats.

1. Pas assez d'aides

La France est d'abord loin d'avoir atteint ses objectifs de passer 15 % des surfaces agricoles en bio et 20 % de l'offre en restauration collective en 2022. Le pays compte 10 % de terres en bio. Quant à l'offre dans les cantines, elle plafonne entre 5 et 6 %. La France n'en est pas moins leader en Europe.

Pour la Cour des Comptes, cet échec tient à l'insuffisance des moyens consacrés au bio. « Malgré une réévaluation des aides à la production bio en 2015 favorisant les conversions, les enveloppes associées initialement à ces dispositifs se sont rapidement révélées insuffisantes » pour répondre à l'afflux d'agriculteurs candidats. « Cela a conduit les régions à plafonner les aides », dit la Cour des comptes.

Les aides représentent moins de 3 % du budget total de la Politique agricole commune (PAC) de la France. « Plus du quart des agriculteurs bio n'en reçoivent pas », pointe encore le rapport. Cela étant, 20 % des agriculteurs non bio n'en ont pas non plus. Et les subsides dont bénéficient les exploitants convertis au bio sont 1,6 fois supérieurs aux aides conventionnelles. 

2. Trop de labels

La deuxième grande explication au retard du bio sur ses objectifs, selon la Cour des Comptes, tient au défaut d'information du consommateur perdu face à la prolifération de labels. « Trop de labels tuent le label », répète Pierre Moscovici, premier président de la Cour.

« Les labels moins exigeants chassent les autres », ajoute-t-il, déplorant que « le ministère de l'Agriculture soutienne le label Haute valeur environnementale (HVE) à la même hauteur que le bio, alors qu'il offre beaucoup moins de garanties ».

Les Sages de la rue Cambon font plusieurs recommandations pour relancer le bio, parmi lesquelles, un effort « intense » de communication qui éclaire le choix des consommateurs. Et de rappeler que le bio interdit les pesticides, limite les engrais et la pollution de l'air ou de l'eau de ce fait, qu'il favorise le bien-être animal et préserve la bio-diversité.

3. Pas assez de suivi

La Cour des comptes préconise d'instaurer un système d'aides différenciées qui privilégie le bio sur le HVE par exemple ou de relever le niveau d'exigences à l'égard du HVE. « Il faut faire en sorte que les 9 milliards d'euros que l'agriculture française profitent le plus possible à la transition écologique », estime Pierre Moscovici.

La France, estime-t-il, doit avoir une double approche à la fois économique et écologique, ce qui doit conduire à « mieux rémunérer les services rendus à l'environnement par les agriculteurs ».

« Le rapport ne se veut pas exhaustif », a indiqué Pierre Moscovici. S'agissant de la responsabilité des prix dans le brusque retournement de marché, il a estimé que le « suivi des prix est tout à fait insuffisant. Il n'y a pas de données globales. Seulement quelques éclairages partiels ».

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/agriculture-les-trois-drames-du-bio-selon-la-cour-des-comptes-1757900

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