08/09/2022

Manger du Sens

LE JURY PRESTIGIEUX D'EXPERTS ET DE PERSONNALITES DES LAURIERS DE LA TRANSITION ALIMENTAIRE

Par Freddy Thiburce
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1ER CHALLENGE DES INITIATIVES A IMPACT POSITIF QUI REINVENTENT LES MODELES ALIMENTAIRES / 2021-2022


LE JURY PRESTIGIEUX D'EXPERTS ET DE PERSONNALITÉS DES LAURIERS DE LA TRANSITION ALIMENTAIRE


Encore une étape de franchie pour les Lauriers de la Transition Alimentaire

Dernièrement, notre Jury prestigieux d’experts et de personnalités a procédé aux évaluations afin de sélectionner le Top 10 des initiatives, par catégorie, qui seront susceptibles de remporter un laurier d’or, d’argent et de bronze. 

Nous avons interrogé notre jury d’experts afin d'obtenir leur ressenti sur le Top 100 des initiatives à impact positif qui réinventent les modèles, ainsi que sur la transition alimentaire en cours. Vous retrouverez ci-après une présentation de leur activité ainsi que leur témoignage sur les Lauriers de la Transition Alimentaire. 

Nous tenions une nouvelle fois à les remercier vivement pour leur engagement sur les Lauriers de la Transition Alimentaire. 

Les 3 questions : 

1 - Globalement, après avoir découvert le Top 100 des initiatives à impact positif qui réinventent les modèles, quel est votre ressenti ?

2 - En tant que professionnel, quel regard portez-vous sur la transition alimentaire dans votre domaine d'expertise ?

3 - Quelle est l'initiative qui vous a le plus marqué et pourquoi ? (si il y en a plusieurs, vous pouvez toutes les évoquées en nous précisant les raisons)



Virginie Becquart

Directrice générale de Citoyens & Compagnie : structure originale française combinant outils digitaux de pilotage des progrès RSE, des entreprises agricoles et agro-alimentaires et des communautés de consommateurs engagés. 

1 - J’ai été très impressionnée par la quantité, la qualité et la diversité des initiatives identifiées pour cette première édition des Lauriers de la Transition Alimentaire. Start-ups, territoires, associations rivalisent de projets pour réussir cette transition alimentaire. Ce foisonnement est une richesse par les possibilités qui sont offertes. Mais c’est aussi une limite car ces actions sont souvent circonscrites sur un territoire ; il manque probablement le moyen d’animer cet ecosystème pour partager les réussites, les difficultés et surtout pour déployer plus largement sur tout le territoire les initiatives les plus marquantes.

2 - La France dispose de l’un des cadres réglementaires les plus favorables et les plus avancés au monde pour assurer sa transition alimentaire (lois Egalim, AGEC, Climat&Résilience, expérimentations pour un affichage environnemental et social en cours en France) et s’assurer ainsi de réussir à la fois une baisse drastique de ses émissions de gaz à effet de serre et plus globalement une amélioration de son empreinte environnementale ainsi qu’une meilleure dynamique économique de ses filières avec une meilleure rémunération de ses agriculteurs. Et pourtant cela ne marche pas pour deux raisons : le consensus n’existe pas sur un projet collectif de transition alimentaire et les consommateurs ne sont pas suffisamment impliqués dans tous les dispositifs de qualité mis au point. Les transformations nécessaires de l’agriculture et de l’alimentation sont systémiques et ne peuvent être menées à bien sans une mobilisation conjointe de tous les acteurs concernés : agriculteurs, industriels, investisseurs, territoires, chercheurs, distributeurs et consommateurs. Il est en effet difficile de réorienter les productions agricoles sans modification du régime alimentaire des consommateurs. Un nouveau paradigme doit être envisagé pour que cette transition alimentaire profite à tous.

3 - Difficile de choisir parmi toutes les initiatives ! Mais peut-être un coup de cœur pour Eutopique qui a développé un programme pour les écoliers car sensibiliser les enfants sur les enjeux de la transition alimentaire dès le plus jeune âge me parait essentiel. Et nous savons à quel point ils peuvent aussi agir sur leurs parents ! J’ai aussi relevé plusieurs initiatives autour de l’usage des algues tout à fait passionnantes. C’est un ingrédient dont on parle trop peu à mon sens.


Stéphane Brunerie

Créateur et rédacteur en chef de Stripfood : média en ligne indépendant spécialisé dans l’alimentation, fondateur du Sens de l’alimentation : observatoire de veille, accompagnement en stratégie marketing. 

1 - Dans un monde en rupture qui n’a d’issue que sa métamorphose, le foisonnement de ces types d’initiatives me rend clairement optimiste. Il me rend optimiste, car de nombreux entrepreneurs osent changer les règles du jeu en nous forçant à reconsidérer la façon dont nous percevons le monde.

2 - La transition alimentaire est bel et bien en marche. La façon dont nous produisons tout comme les offres sont en mutation. Elles intègrent davantage leur impact sur les externalités, à savoir les hommes et la planète. Mais cette phase reste encore fragile pour plusieurs raisons :

- tout d’abord, on observe un fort décalage entre nos idéaux de citoyens et la réalité de nos comportements via le poids de nos habitudes, mais aussi de nombreux freins comme le pouvoir d’achat ;

- les offres plus responsables sont clairement moins rentables si on tient compte du seul critère économique pourtant totalement imparfait ;

- il est souvent compliqué pour les acteurs réellement engagés de faire la différence dans un contexte où tout le monde semble raconter la même chose.

C’est la raison pour laquelle nous devons décréter l’alimentation comme cause prioritaire. En effet, elle impacte directement notre santé, notre climat, notre souveraineté, notre économie ou encore nos territoires. Selon moi, pour accélérer cette transition, nous devons agir sur le socle des connaissances car il s’agit du moteur prioritaire du changement des comportements. Cela doit passer par l’éducation alimentaire, mais aussi par un discours des acteurs de l’écosystème food à la fois lucide et pédagogique sur les tensions autour des enjeux sociétaux (climat, santé,...) et engageant pour permettre aux consommateurs de se projeter vers un futur souhaitable.

3 - "Amo", "Direct Market", « .Nod", « Blandice", "Nous anti-gaspi »,"Eco Table" ou encore "Le Jardin est la recette" sont tous des projets qui me parlent. Mais pour revenir à l’enjeu de la connaissance comme levier du changement des comportements, je dirais « La Maison de l’Alimentation durable ». Ce projet breton a pour ambition de contribuer à l’évolution des comportements alimentaires des enfants et des adultes, mais aussi des acteurs du territoire. Il s’agit d’une tournée itinérante avec des actions de sensibilisations, des formations et des évènements pour promouvoir une meilleure alimentation et sensibiliser au gaspillage alimentaire. La puissance de cette idée tient dans son encrage local au coeur des territoires avec la rencontre directe du public et des ateliers de mise en pratique.


Hermine Chombart

Déléguée générale et co-fondatrice du Conseil National pour la Résilience Alimentaire (CNRA)

1 - Qu’il y en a beaucoup !!!J’en connais déjà énormément grâce à mon métier et je découvre qu’il en existe tout autant que je ne connaissais pas. C’est à la fois excitant et angoissant ;-) ! Excitant dans le sens où l’on se dit qu’avec cette multitude d’initiatives les choses vont changer rapidement, mais angoissant parce que malgré tout ça, on constate que le système a du mal à se réinventer et qu’on en est beaucoup au stade des grandes idées mais peu de réalisations dans les grands volumes.

2 - Pour compléter ce que j’ai écrit juste au-dessus : nous avons la chance extraordinaire en France d’avoir à la fois une vraie diversité de territoires et d’acteurs très investis. Donc tous les éléments sont là pour réussir. Ce qu’il manque (et ce à quoi le CNRA travaille) c’est le lien opérationnel, la coopération entre tous ces acteurs pour que les systèmes alimentaires soient résilient jusqu'au niveau local.

3 - Une très grande quantité d’initiatives m’ont marquée en fait… Mais une initiative, aussi belle soit-elle, doit s’inscrire dans une logique territoriale et répondre à un besoin tout en s’assurant d’avoir un marché pour perdurer. Et c’est précisément ces 2 points qui me feront apprécier une initiative.(Désolée pour cette réponse de Gascon, mais si « J'achète Fermier » est une superbe initiative, pour qu’elle marche, il faut que les agriculteurs ET les distributeurs la plébiscitent… à cette condition seulement elle me marquera :-)


Côme de Chérisey

Conférencier, éditeur de guides et ancien Directeur général du guide Gault & Millau

1 - Projets à forts impacts, d'excellente qualité. Bon équilibre entre les micro-projets locaux et ceux de potentiel national

2 - Les leviers devraient être simples: sobriété, privilégier la filière légumineuse et accroître très fortement la formation à la culture alimentaire en CE2, pour gommer les inégalités sociales.

3 - Agri Loop: sujet RSE majeur lié aux importations lointaines. L’abattoire mobile: sujet de bien-être animal et de service rendu aux agriculteurs.


Sophie De Reynal

Directrice Marketing de NutriMarketing : Consultation en marketing et conseil en nutrition.

1 - Pour veiller les tendances alimentaires depuis plus de 20 ans, je sais combien les professionnels de l'agroalimentaire peuvent être inventifs et réactifs. Mais il faut avouer qu’avec les mutations économiques, écologiques, technologiques et démographiques auxquelles nous faisons face depuis une dizaine d'années, la capacité de résilience de l’être humain ne cesse de m’épater. Ces 100 initiatives nous donnent autant de raisons de croire en un avenir meilleur et d’avoir confiance dans les jeunes générations pour prendre en main leur avenir et celui de la planète. J’ai vraiment trouvé très enthousiasmant toute cette dynamique portée par ces initiatives qui par leur diversité nous montre bien que la transition alimentaire est multi-critères et peut-être actionnée par de nombreux leviers.

2 - On parle souvent de l’aspect environnemental liée à la transition alimentaire : réduction des émissions, du gaspillage alimentaire, atteinte de la naturalité carbone, défense de la biodiversité et du bien-être animal, … Mieux nourrir la planète et tout ce qui y vit ! Je trouve qu’on oublie la santé qui est pourtant l’une des fortes attentes des consommateurs qui souhaitent vieillir, voire mourir en bonne santé. L’épidémie de la Covid-19 ne doit pas nous faire oublier celles de l’obésité et du diabète qui continuent de progresser partout dans le monde. Or on sait que ces maladies, comme 30 à 70 % des cancers, mais aussi des maladies cardio-vasculaires pourraient être évitées via une meilleure alimentation. C’est un critère qui à mon sens doit être remis au coeur de la transition alimentaire.

3 - J’ai été particulièrement intéressée par la démarche du Bœuf Ethique et de ses abattoirs itinérants qui permettent d’assurer une plus juste rémunération aux agriculteurs tout en respectant le bien-être animal, le tout dans une démarche locale. J’ai également été sensible à l’initiative « Du local sur mon plateau » avec la région Île-de-France qui subventionne les 473 lycées Franciliens avec un supplément de 21 centimes par repas de cantine pour garantir 100% de produits locaux dont 50 % de bio, preuve que la volonté politique fait également partie de la transition alimentaire


Marie Dewavrin

Responsable des partenariats stratégiques chez Hectar : établissement d’enseignement supérieur spécialisé dans formation aux métiers agricoles.

1 - Un foisonnement d’initiatives assez inégales. Pas toutes scalables mais impact positif donc bonne sélection des projets.

2 - Sur la transition alimentaire, beaucoup d’initiatives mais pas assez ambitieuses dans leur développement.

3 - Entreprise sur le bien être animal/ sujet très important et bien conçu. Le jardin et la recette : très bon sujet pour adresser la transition alimentaire en impliquant chacun d’entre nous de façon simple et durable


Sandrine Doppler

Fondatrice de l’EFFET DOPPLER et co-fondatrice de Planet Food Santé : média Do Tank de la transition alimentaire. 

1 - À l’issue de cet événement, il paraît établi que chacun doit être acteur, à sa mesure, de cette profonde mutation et quoi de mieux que d’agir sur son environnement au sein de son territoire. La « théorie » des petits pas est la plus adaptée à ce sujet. Et c’est parce que dans sa proximité on s’impliquera par des gestes ou des actions que nous pourrons effectuer cette transformation ! Toutefois, penser que chacun dans son « coin » va trouver la martingale est une douce utopie. Tout faire reposer sur le législateur est également une hérésie. Jérôme Fourquet parle d’archipélisation de la société, mais si à aucun moment ces « archipels » ne rentrent en contact, aucune transition ne sera possible. Il n’y a pas de planète B. Nous sommes les habitants naturels de la Terre et destinés à y vivre pour toujours, contraints d’en prendre le plus grand soin. Les rêves loufoques de colonisations lointaines sont des mirages inutiles et dangereux qui gagneraient beaucoup à se transformer rapidement en un projet bien plus urgent et nécessaire : rendre notre biosphère à nouveau viable à long terme. Comment peut-on nourrir 10 milliards d’humains sans « abîmer » la planète et en prenant soin de notre corps ? La solution est sûrement dans l’innovation mais aussi dans notre questionnement. Ressasser des sempiternels poncifs et tourner en boucle avec les mêmes solutions qui pour le moment sont inopérantes ne permettra pas de faire émerger de nouvelles solutions. On doit comprendre ce que veut dire manger, conscientiser son alimentation et créer de nouveaux récits pour (re) construire un avenir désirable.

2 - La transition alimentaire est un concept flou qui s’intègre dans une transformation plus globale qui impacte nos modes de vie et l’usage que nous faisons des ressources de la planète. Cette transition passe par les territoires et doit avoir un impact majeur sur ceux-ci. Je ne peux que féliciter Manger du sens d’avoir catégorisé ces initiatives, ce qui n’est habituellement pas le cas dans ce type de concours. On ne peut pas comparer le travail d’un chef pour valoriser les productions locales et un nouveau produit, certes innovant, mais qui n’aura pas le même objectif. Nous devons rendre cette transition alimentaire désirable : pour l’heure, elle est anxiogène, complexe et n’offre pas à chacun la possibilité de se reconnecter à des valeurs fondatrices voire sacrées. Surtout elle s’adresse déjà à des convertis. Pourquoi le reste de la population ne se sent pas concerné par la réalisation des conditions nécessaires à notre survie sur cette planète ? Dans mon travail et mon expertise autour de la transition alimentaire j’essaie de montrer que l’approche de certaines problématiques varie selon le point de vue que nous choisissons au regard de nos diverses sources d’information. Il faut s’affranchir des tendances et adopter des points de vue inédits. Cette grande mutation qui est indispensable et urgente ne passera que par de profonds changements et aucune des transitions qui ont déjà jalonné notre histoire ne s’est produite sans changements drastiques.

3 - J’ai été très intéressée par les innovations qui se déploient au niveau des écosystèmes régionaux, telles que Direct Market, HandiGaspi, le Jardin et la recette. Chacune de ces propositions est duplicable aisément dans d’autres régions, ce qui doit être l’objectif de ces projets. Chaque territoire doit s’inspirer de ce qui a fonctionné dans les autres et collaborer pour la mise en œuvre de ces initiatives sur leur périmètre. Une stratégie qui doit s’appliquer à l’échelle des politiques étatiques. Le dernier rapport sénatorial surpoids et obésité l’autre pandémie* illustre cette absence de synergie et d’harmonisation entre les États : Recommandation n° 13 : interdire, sur l’exemple anglais, les promotions commerciales en grande distribution sur une liste de produits trop sucrés, salés ou gras ainsi que les stratégies marketing incitant à leur achat (emplacements délibérés dans les magasins). Le même Sénat a refusé en 2018 cette disposition… ! De même, en 2021, l’association Familles Rurales adresse une lettre ouverte à la ministre de la Transition Écologique, Mme Barbara Pompili, pour réclamer l’encadrement des publicités pour les produits gras et sucrés à la fois néfastes pour la santé des enfants. Où est cette loi ? Je ne peux que saluer l’initiative de Manger du Sens qui fait émerger des projets et ambitionne d’en faire un livre blanc. Cela permettra de valoriser des innovations qui méritent des duplications sur d’autres territoires. On doit juste ne pas se tromper sur le sens du mot « innovation », la transition alimentaire ne doit pas être un réceptacle à idées farfelues, ou bien trop « tech »… Elle doit surtout permettre à tous d’accéder à une alimentation quotidienne saine et durable.


Gabrielle Dufour

Responsable Communication chez AgriDées : Think Tank de l’entreprise agricole 

1 - A la lecture des 100 propositions on ressent une véritable bouffée d’énergie ! La diversité des propositions et des innovations est vraiment intéressante, qu’elles concernent les modes d’approvisionnement et de consommation, le gaspillage alimentaire, les emballages, la relocalisation des filières, le circuits courts, l’éducation… Il ressort beaucoup de créativité et d’intelligence collective de ces propositions pour résoudre des problématiques très diverses mais tendant toutes vers le même objectif : la transition agroalimentaire. C’est exaltant. 

2 - Chez Agridées, think tank de l’entreprise agricole, nous réfléchissons avec les professionnels des filières agri/agro pour les préparer aux enjeux du monde de demain. La transition alimentaire est la somme complexe des changements de toutes les composantes de l’écosystème agroalimentaire : agriculteurs, distributeurs, transformateurs, et bien sûr, les citoyens consommateurs, pour faire face aux enjeux climatiques, environnementaux, sociaux, démographiques et économiques du 21ème siècle. Cette transition alimentaire est aussi à mettre en regard de nos cultures, nos modes de vies, notre société elle-même en transition… Elle nous oblige à penser de façon collective, complexe et transversale.

3 - Il est difficile de faire un choix tant les propositions sont riches et variées ! J’ai trouvé la proposition ‘Du local sur mon plateau ‘ menée par la région Ile de France (qui vise 100%) de produits locaux en 2024 sur tous les lycées d’Ile de France très intéressante pour sa dimension collective et le fort levier que cela représente : Relocaliser des productions, créer des nouveaux débouchés pour les agriculteurs, valoriser des modes de productions durables, faire du lien entre le monde agricole et les citadins…J’ai trouvé également l’application Hophopfood pour moderniser le commerce solidaire et l’alimentation suspendue, très bien pensée pour lutter contre la précarité alimentaire. Altermarché, un tiers lieu dédié à l’alimentation avec des cours de cuisine, un incubateur, et une dimension insertion m’a beaucoup plu également car il mêle l’éducation, la convivialité, l’alimentation et le social. Ou encore le podcast de Louise Lesparre pour connaître les mondes des agricultrices et agriculteurs…


Anne Dumonnet-Leca

Vice présidente du SYRPA : association des communicants du monde agricole et agro-alimentaire et et fondatrice de VoxDemeter : écosystème média d’inspiration et d’action pour les femmes du monde agricole et de la société civile.

1 - Cette première édition des lauriers de la transition Alimentaire représente une vraie source d’inspiration ! Au-delà de la dynamique inventive, je suis ainsi particulièrement sensible au cocktail : intégration d’acteurs diversifiés, marginaux jusqu’ici, et approche économique de l’anti-gaspillage. De plus, de nombreux dossiers reposent sur le travail en filière, dans le sens de réseau, ce qui me semble être un booster à systématiser.

2 - La transition alimentaire est protéiforme : chacun peut l’interpréter comme il le souhaite. A cet égard, cette notion peut se révéler superficielle et n’être qu’un concept com’ de plus… Pour autant, je la considère comme rassembleuse dans le sens où elle sert de boussole commune à des acteurs qui s’ignoraient encore récemment. La transition alimentaire, je la vois donc comme un guide exigeant de l’alimentation pour tous, du mieux manger et du mieux vivre ensemble. Elle m’apparaît, également, comme une double opportunité pour les agricultrices : d’une part, de sortir de l’invisibilité et d’autre part, de donner un coup de pouce à des approches alternatives de production et de diversification.

3 - Je me suis toujours demandé ce que faisaient les boulangers des pains et des gâteaux qui leur restaient après la fermeture… J’ai donc eu un coup de cœur pour la Biscuiterie Handi-Gaspi, qui fonctionne sur la reprise des invendus de pain et grâce au travail d’une vingtaine d’handicapés.


Bruno Dupont

Président du SIVAL ; vice-président du CNPA et président d’honneur de la Fédération National des Producteurs de Fruits et du pôle de compétitivité VEGEPOLYS.

1 - Des concepts novateurs. A travers les lauriers on retrouve des termes utilisés aujourd’hui plus qu’hier. Les termes “éthique”, "responsable'', et notamment le terme “solidaire”, apparu récemment. Mise en avant de la réalité. Concept pertinent ; remise en cause alimentaire de l'ensemble du système par les solutions proposées. Le choix du jury sensibilise également, de par le large panel d’expertise.

2 - Au-delà des lauriers, on remarque qu’il commence a y avoir une réelle prise de conscience dans la façon de s’alimenter et de produire. Même si cela reste encore un peu fragile, les mentalités et le vocabulaire utilisés évoluent.

3 - Toutes les solutions que l’on ne retrouvait pas avant : Les initiatives qui utilisent des déchets pour la fabrication d'aliments. On retrouve aussi un courant fort en termes d’approche d’alimentation dans la restauration à travers les initiatives qui utilisent le circuit court, la livraison, la proximité. Cela marque une réelle évolution dans la façon d’amener le consommateur toujours au plus près. L’initiative “Le bœuf éthique” : l’abattoir mobile représente une image forte dans la façon de rapprocher les acteurs au plus court ; on transporte les usines dans les lieux de vie : on rapproche l’alimentation donc au plus prêt. Une initiative comme celle-ci permet de ramener une réalité au concept du monde animal. D’autres approches intéressantes : celles de la notion du gaspillage qui n’existait pas et la proposition d’emballages adaptés aux produits vendus.Tout ceci démontre qu’il y a une réelle évolution aussi bien dans la production du produit, dans la transformation jusque dans l’accompagnement de l'emballage.


Catherine Etchart

Directrice Conseil chez Gulfstream Group : Agence de publicité

1 - Malgré le contexte anxiogène, il est particulièrement positif et enthousiasmant de voir que de nombreuses personnes s’impliquent dans des changements et font preuve de beaucoup d’énergie et de créativité pour faire bouger les lignes. 

2 - La prise de conscience que les choses doivent changer vraiment, que consommer toujours plus au détriment de l’environnement n’est plus possible est un peu lente… Mais remettre à plat un système entier est forcément long. Il faut savoir rester positif et apprécier toutes les initiatives, petites et grandes, qui vont dans le bon sens. 

3 - L’initiative que j’ai retenue : “Le bœuf éthique” : J’adore cette initiative, elle apporte des solutions concrètes au sujet du bien-être animal. Personnellement je mange de la viande mais je pense que quand on prend une vie on doit le faire avec le plus de respect possible pour l’animal quel qu’il soit.


Nathalie Gervaisot

Dirigeante et fondatrice de Vox Value : générateur de panel de consommateur.

1 - Comment allons-nous manger demain et qui produira notre nourriture ? Cette question peut paraître « baroque » lorsque l’on a la chance d’avoir accès à une nourriture abondante, variée et à des prix modérés. Et pourtant, il est évident que nous avons basculé dans une nouvelle époque qui déstabilise l’activité agricole et nous oblige à réinventer en profondeur le fonctionnement de nos systèmes alimentaires depuis la production des matières premières jusqu’à leur consommation. Chacun des acteurs (agriculteurs, transformateurs, transporteurs, consommateurs) vont devoir désormais compter parmi les solutions et non plus les problèmes afin de faire face aux défis alimentaires auxquels nous (sommes) et allons être confrontées. Nous ne devons jamais perdre de vue la nécessité de la biodiversité, des changements climatiques, du travail et du bien-être animal. Des solutions existent d’ores et déjà, des entrepreneurs mettent sur « la table » des mesures qu’il convient de partager et de développer. Les Lauriers de la Transition Alimentaire nous ont donnés l’occasion de découvrir certaines de ces d’initiatives qu’il faut dès aujourd’hui adapter aux attentes d’une société respectueuse et d’une consommation durable.

2 - Des aléas climatiques plus intenses et plus fréquents, une biodiversité et des ressources génétiques fortement dégradées. Cette transformation est aujourd’hui le fruit d’investissements massifs et de l’apparition de nouveaux acteurs qui souhaitent apporter des solutions inédites. Mon domaine d’expertise n’est qu’une goutte d’eau face à ce défi, mais il a pour but d’offrir au consommateur la possibilité d’être acteur en exprimant ses préoccupations et en statuant entre les fausses bonnes idées et les innovations qui vont nous aider à affronter les nouveaux enjeux auxquels nous allons être confronté.

3 - Au XIXe siècle, on les appelait les tueries et les écorcheries. Aujourd’hui ce sont les abattoirs et même si cette perceptive ne fait pas rêver, à défaut de rendre le processus confortable, il y a moyen de le rendre moins brutal. Il n’est pas question d’occulter la violence envers les animaux en multipliant les euphémismes et détournements sémantiques. Il est question de réduire les actes traumatisants conduisant à la mise à mort (stress, transport, manipulation, et tout autre situation anxiogène). Par respect pour l’animal à qui l’on doit bien cela ; pour l’agriculteur qui est un professionnel passionné, qui a nourrit, soigné ses animaux et à qui l’on offre la possibilité de suivre sa bête jusqu’à la mise à mort ; pour le consommateur qui souhaite une consommation raisonnable, des produits de qualité et des circuits courts. « L’abattoir mobile » a donc toute sa place dans une société qui s’efforce d’améliorer les conditions de vie des animaux, sans toutefois contester le principe de leur exploitation.


Nathalie Hutter-Lardeau

Fondatrice et directrice du développement France et international chez Evidence Santé : Agence de Conseil et Communication 

1 - Un élan d’enthousiasme car les projets sont nombreux, variés est très innovants à la fois pour notre Santé et celle de notre planète ! Et je remarque avec espoir qu’il y a beaucoup de femmes qui portent de beaux projets. Je suis très attachée à la mixité et à la diversité qui à mon sens apportent des visions complémentaires indispensables à un meilleur équilibre de notre société.

2 - En tant que nutritionniste (gourmande) j’attache évidemment de l’importance aux bénéfices nutritionnels mais surtout aux conseils pour guider les consommateurs dans la consommation de ces nouveaux produits - fréquence et portions notamment pour les boissons et snacking (sucré et salé) souvent nombreux dans les initiatives à impact. Bien que plus éco-responsables notamment grâce à l’origine des ingrédients ils n‘en restent pas
moins caloriques et donc à encadrer dans notre équilibre alimentaire.

3 - Graine de Choc représente pour moi l’exemple type d’initiative remarquable mais aussi la ténacité nécessaire pour endurer l’immense travail à réaliser pour (re)implanter une filière, créer et formuler des nouveaux produits avec une attention particulière pour leur composition nutritionnelle et des formes innovantes comme celle de la gourmandise d’une pâte à tartiner à une gamme de soupe qui peut s’Integrer dans notre alimentation quotidienne -
le tout à partir d’un ingrédients comme la fèverole, une légumineuses à fort potentiel justement dans la cadre de la transition alimentaire (riche en protéines). En tant que bretonne, j’ai également une même admiration pour la filière Algues à fort potentiel boostée par l’association Merci les algues avec par exemple Zalg mais aussi le travail de (re)formulation de produits standard pour interpeler les jeunes générations des initiatives comme .nod. Et pour finir bien que la liste pourrait être très longue, je retiens les nouveaux formats de distribution au plus près des producteurs comme Direct Market.


Pauline Jacquemard

Directrice RSE et Innovation au Marché International de Rungis SEMMARIS 

1 - J’ai principalement étudié les start ups de la catégorie distribution. J’ai trouvé le niveau des projets relativement bon et les enjeux couverts plutôt complets. Les principaux enjeux de transition environnementale de la chaine de distribution sont abordés : réduction des emballages, structuration des circuits courts, décarbonation de la chaine logistique, lutte contre le gaspillage, offre durable… Le focus BtoB est relativement peu présent cependant mais ce qui n’est pas très étonnant sur un trophée ouvert au grand public.

2 - Le marché de Rungis est un maillon de la chaine de distribution alimentaire, une plateforme logistique au service d’entreprises dédiées aux métiers de bouche qui sont principalement des PME et TPE. Face aux enjeux de la transition alimentaire, ces entreprises qui sont donc de petites structures sont souvent désarmées. Deux enjeux majeurs sont clairement identifiés, et souvent corrélés à des pressions réglementaires court terme : la réduction des emballages et la recherche de solutions alternatives au plastique, et la décarbonation de la logistique du dernier kilomètre. En complément les enjeux d’offre durable sont diversement appréhendés selon les filières, avec par exemple une maturité plus importante des acteurs des fruits et légumes versus ceux du secteur carné. La SEMMARIS autorité gestionnaire du MIN s’est donnée pour mission d’accompagner ses entreprises. Elle va notamment déployer début 2023 un référentiel de l’offre durable en collaboration avec l’AFNOR afin d’accompagner les entreprises sur ces enjeux de transition alimentaire et leurs donner les clés pour tendre vers plus de durabilité.

3 - Plusieurs projets ont retenu mon attention, je souhaitais ici revenir sur ceux qui n’ont pas été retenu, pour mettre en avant des notions peut être oubliées dans le cadre de cette sélection. Cela dit, cet avis ne remet pas en cause les projets retenus et les lauréats. Thématique start ups : J’ai été marqué par le projet « j’achète fermier ». Je suis sensible aux initiatives qui permettaient d’apporter des solutions alternatives de distribution et de valorisation à la production agricole (meilleure rémunération des producteurs et lutte contre le gaspillage), et la solution mobile à proximité de la production me parait la plus adaptée (limité les déplacements, projet clé en main qui ne demande pas à l’agriculteur de développer un nouveau métier…). Thématique chefs : Projet « Alternative », qui me paraissaient être plus concret, opérationnel et moins anecdotique face aux enjeux de transition alimentaire que d’autres projets. C’est en dupliquant des modèles éprouvés que nous pourrons réussir cette transition. Thématique territoire : Projet « économe » pour les mêmes raisons que le projet « j’achète fermier ». Thématique distribution : Je regrette que le projet « Noww » n’est pas été retenu. Comme indiqué en séance, la thématique de réduction des emballages et les projets de consignes sont à développer à grande échelle pour répondre aux enjeux de transition du secteur de la distribution. Le projet « Uzaje » pour les mêmes raisons avait retenu mon attention.


Stanislas Leblanc

Directeur des relations extérieures chez The Fork : Plateforme et application de recherche et de réservation de restaurants. 

1 - Beaucoup d'initiatives, toutes vont dans le bon sens et certaines d’entre elles méritent d'être distinguées car elles répondent déjà aux enjeux de la transition alimentaire en ayant rencontré leur public.

2 - Dans l'univers de la restauration indépendante, le comportement du grand public évolue et aspire à plus d'informations. Une offre plus respectueuse de son environnement, de sa santé, du bien-être de ses équipes sans oublier la  souffrance animale se développe partout en France.Le consommateur peut lui aussi laisser son avis et noter les acteurs les plus vertueux sur les plateformes de réservation en ligne.

3 - J'ai retenu : « Merci les algues » parce qu’elle propose une transition ambitieuse, plus globale et « agro-alimentaire ». De la mer à l’assiette!


Denis Lemoine

Co-fondateur d’ECDYS Open-Lab : plateformes à la pointe des technologies web et de l’intelligence collective. 

1 - Premier ressenti : un sentiment d’optimisme devant cette floraison d’initiatives. Deuxième ressenti : un paradoxe  : énormément d’initiatives, mais beaucoup avec des sources d’inspiration similaires, par exemple l’anti-gaspi ou les circuits courts, ces derniers souvent supportés par des applications digitales mais avec des modèles logistiques différents. Troisième ressenti : une interrogation : beaucoup d’initiatives ont un ancrage local, et il est difficile de savoir quels sont les modèles qui sont réalisables dans la France entière, voire à l’étranger

2 - Mon domaine étant celui du collaboratif et du digital, je note que cela paraît être un levier important dans beaucoup de projets, et plutôt bien utilisé. Le développement de communautés de consommateurs, et la création de liens entre les professionnels et les consommateurs me paraît fondamental pour accélérer cette transition.

3 - Direct market, car elle paraît la plus avancée sur le thème des circuits courts avec un modèle déjà dupliqué. Atypique, sur le sujet du gaspillage dans les champs, tant cet impératif de calibrage des produits m’a depuis longtemps choqué à titre personnel. Il m’a toujours semblé que cet impératif générait énormément de gaspillage, et au-delà allait souvent dans le sens d’une perte de qualité gustative des produits.


Marie Mollant

Consultante Senior chez Gulfstream Group : Agence de publicité 

1 - Mon ressenti après avoir découvert le top 100 des initiatives est particulièrement positif, m’apportant un regard très varié, riche de créativité, d’originalité et d’innovation sur les nouvelles tendances alimentaires.

2 - Dans mon domaine d’expertise lié à la communication, notamment dans le domaine agroalimentaire et particulièrement dans les fruits et légumes, le sujet de la transition alimentaire me semble capital et très intéressant  pour le développement et la mise sur le marché d’un nouveau produit. Il permet ainsi d’ouvrir un champ d’actions répondant à des enjeux environnementaux et de santé dans les recommandations faites aux clients axés RSE.

3 - L’initiative qui m’a le plus marquée et que j’ai vraiment trouvé intéressante est le BentOgatO : praticité, économie d’emballage etc …


Jordane Pedron

Directeur Executive Education à Rennes School of Business

1 - Beaucoup d’innovations, des projets à impacts forts qui illustrent les transformations rapides des processus de production et de distribution dans le secteur , qui s’adaptent à de nouvelles exigences de marché ainsi qu’aux contraintes environnementales.

2 - Celle-ci ne se fera pas sans formation, évidemment qu’elles soient techniques ou managériales pour accompagner les transformations dans les entreprises petites et grandes. 

3 - Je pourrais en citer plusieurs mais les initiatives autour de l’innovation alimentaire comme Butternot qui offre une alternative au beurre et autre margarine sans matières grasses trouve un écho particulier chez moi car propose une solution à fort potentiel marché sans bouleverser les habitudes consommateurs.


Célia Renesson

Co-fondatrice et directrice générale de Réseau Vrac : Association interprofessionnelle de la filière du vrac.

1 - Les 100 initiatives retenues m’ont à la fois éclairé et inspiré. J’ai pu découvrir des actions, des projets que je ne connaissais pas et qui chacun adressent des problématiques différentes et apportent des solutions utiles. Les choix n’ont pas été évidents car on aurait envie de toutes les retenir pour les faire connaître au plus grand nombre ! J’ai été aussi inspirée pour l’avenir : malgré les crises et défis que nous traversons, ces initiatives sont porteuses d’espoir pour la suite et pourront inspirer d’autres acteurs à changer.

2 - La transition alimentaire est portée par tous les acteurs pionniers du vrac car ce sont des personnes engagées à plusieurs niveaux. Au-delà de la réduction des déchets qui est leur motivation première, elles ont à cœur de pouvoir offrir des produits en circuit court, de travailler avec des producteurs qui relocalisent des filières agricoles sur le sol Français ou qui commercialisent des produits labellisés (bio, IGP / AOP, etc.). 

3 - Je vais retenir : La biscuiterie Handi-Gaspi. La biscuiterie Handi-Gaspi est un projet dont la démarche a été pensée « globale » en conciliant à la fois le bon (ce que l’on recherche absolument dans un gâteau et le bien (ce que l’on aimerait que chaque entreprise fasse avant de lancer un produit ou un service). Leurs recettes sont fabriquées par des biscuitiers en situation de handicap mental et psychique en ESAT, à partir d'invendus de pain bio de boulangers locaux revalorisés et également disponibles en conditionnements pour la vente en vrac : en voilà un formidable exemple à suivre et à soutenir !  




Pour en savoir plus ou nous contacter :
Freddy THIBURCE Dirigeant Associé de Manger du sens Tél. 06 32 82 64 70 freddythiburce@gmail.com

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