04/05/2024

Manger du Sens

Les Français boudent les fruits et légumes, les producteurs inquiets

Par Marie-Josée Cougard - Lesechos.fr
  • fruits et légumes
  • consommateurs
  • jeune génération

Les jeunes de moins de 35 ans consomment trois à quatre fois moins de fruits et légumes que leurs grands-parents. Mais la balance commerciale ne cesse de se dégrader.

Les consommateurs boudent les fruits et légumes. Le phénomène, qui s'accélère depuis le Covid-19, touche tout particulièrement les jeunes générations.

Les chiffres en témoignent. « Les personnes de moins de 35 ans mangent trois à quatre fois moins de fruits et légumes que leurs grands-parents », explique Laurent Grandin, président de l'Interprofession (Interfel). Les volumes achetés par Français baissent depuis 2016, à part un pic de consommation en 2020 pendant la pandémie, selon France Agrimer. Le phénomène est d'autant plus inquiétant que la France ne cesse d'augmenter ses importations. Car l'évolution de la demande n'a pas empêché le déficit de la balance commerciale de se creuser de 14 % en dix ans. « On ne produit plus que la moitié de nos besoins. Si on continue sur cette voie, l'autosuffisance en la matière tombera à 35 % d'ici dix ans », poursuit-il. Tout cela en pleine mode végan.

Les vertus nutritionnelles des fruits et légumes ont été scientifiquement prouvées, leur rôle de prévention dans le cancer est avéré. Les recommandations de consommation de quatre à cinq fruits et légumes par jour ont été répétées à l'envi. Rien n'y fait.

La filière est pourtant convaincue qu'il est possible d'inverser la vapeur. « Il faut sortir des injonctions et éduquer les enfants dès l'école primaire », estime Laurent Grandin. Un programme européen a été élaboré dans ce sens à l'initiative de la France, qui en retour « à force de surtranspositions du texte se montre incapable de le mettre en oeuvre. C'est une honte », déplore Laurent Grandin.

Plan de relance fin février ?

La filière ne se résout pas au déclin et élabore actuellement un plan de souveraineté « fruits et légumes » avec pour objectif de remonter le niveau d'autosuffisance de la France à 60 % d'ici dix ans. Le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, devrait le détailler fin février au Salon de l'Agriculture.

Au chapitre des actions à engager pour relancer la production, la filière cite le développement des serres froides. Celles-ci doivent permettre de protéger les cultures des intempéries, dont le rythme et la gravité se multiplient avec le changement climatique. Le développement de cultures plus résistantes aux intempéries obtenues grâce aux techniques de sélection génomique y contribuerait également. La robotisation permettrait de gagner en productivité. Autant d'options qui requièrent des moyens financiers importants.

L'interprofession redoute les « effets d'annonce » du gouvernement et demande que des moyens « suffisants » soient affectés à la recherche, à l'équipement des exploitations comme au soutien de la consommation de fruits et légumes. La promesse d'un « chèque alimentaire » pour les foyers modestes avait finalement été écartée au profit d'autres aides publiques (chèque inflation ou chèque énergie).

Source : https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/les-francais-boudent-les-fruits-et-legumes-les-producteurs-inquiets-1899704

Retour à l'entité