« Dans le domaine de la nutrition, des outils tels que le Nutri-Score sont utilisés pour fournir une évaluation simplifiée de la qualité nutritionnelle des aliments. ». (Laurent Grandguillot/REA)
Pour traiter les enjeux sanitaires liés à la nutrition et à la toxicologie, un groupe de médecins propose la mise en place d'indicateurs fiables et pertinents permettant aux consommateurs d'être renseignés sur la dangerosité et toxicité des produits qu'ils consomment.
Les maladies chroniques touchent aujourd'hui près de 30 % de la population. Obésité , sédentarité, alimentation déséquilibrée, addictions au tabac ou à l'alcool en sont les principaux facteurs de risques connus et évitables. Une meilleure santé passe par l'adoption de comportements plus vertueux, mais encore faut-il les connaître, et les reconnaître, c'est tout l'objet des initiatives de « scoring ».
Le « scoring »
Dans le domaine de la nutrition, des outils tels que le Nutri-Score sont utilisés pour fournir une évaluation simplifiée de la qualité nutritionnelle des aliments. D'autres paramètres peuvent être pris en compte. Aussi, l'indicateur Origin'Info compile des informations sur la provenance des aliments.
De même, le Planet-Score apporte des informations relatives à l'impact environnemental des produits alimentaires : utilisation et usage de pesticides, biodiversité, climat, bien-être animal. Les scores se veulent des outils déclinables sur de nombreux sujets utiles aux citoyens.
Ce type d'approche peut constituer une véritable clé de voûte d'une politique de santé publique efficace. Au-delà des seuls aspects nutritionnels et environnementaux, la transmission d'une information fiable et sincère peut se poursuivre au travers de nombreux autres domaines comme la toxicologie.
Un score pour les alternatives au tabac
Si nous prenons le cas du tabagisme, à l'origine de 75.000 décès par an , ces dernières années de nombreux produits sont arrivés sur le marché. Pour autant, aucune évaluation ne semble traiter l'hypothèse selon laquelle certains produits pourraient être moins nocifs que d'autres. À titre d'exemple, la cigarette électronique n'a fait l'objet d'aucune communication officielle sur sa moindre nocivité par rapport à la cigarette.
Il existe d'ailleurs sur le marché d'autres nouveaux produits de la nicotine, certains moins nocifs, mais dont les fumeurs n'ont pas connaissance faute de disposer d'une information claire et suffisante. L'évaluation du rapport bénéfice-risque de ces produits émergents tels que la cigarette électronique, le tabac à chauffer ou les sachets de nicotine est insuffisamment documentée. Pour autant, pour les fumeurs pour lesquels la cessation n'est pas une option, ces produits peuvent être l'opportunité de réduire le risque de développer des maladies.
D'ailleurs, le Parlement a proposé, dans un rapport, de mettre en place un cadre d'évaluation de ces produits, un « nociscore », en utilisant les données à disposition liées à leur composition et à la toxicité des émissions qu'ils produisent. Ainsi, chaque nouveau produit bénéficierait d'une évaluation primaire qui tiendrait compte de sa nocivité propre et la comparerait à celle de la cigarette. Cette évaluation pourrait utilement être financée par une taxe mise à la charge des fabricants pour financer une science publique et indépendante destinée à mieux informer les consommateurs. Tel est d'ailleurs l'objectif majeur de la stratégie de lutte contre les addictions de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et les conduites addictives (MILDECA) .
Les moyens pour amener les consommateurs à modifier durablement leurs comportements sont multiples. Que ce soit par les scores, ou par une évaluation complète et systématique des produits, l'information communiquée aux consommateurs est cruciale pour faire évoluer les habitudes, à condition d'inscrire ces outils dans une approche holistique et comparative. Pour cela, l'Etat doit enfin se mobiliser et fournir des informations claires afin de guider au mieux les consommateurs. Il en va de la protection de la santé des citoyens.
Les signataires :
William Lowenstein est addictologue.
Alain Toledano est cancérologue- radiothérapeute.
Catherine Procaccia est sénateur honoraire et corapporteur de l'étude de l'Opecst.
Sophie Janvier est nutritionniste, auteure et journaliste.
Gabriel Perlemutter est hépato-gastroentérologue, Académie de médecine.
Julia Gleize est spécialiste de médecine intégrative.
Anne Borgne est médecin addictologue.
Nathalie Hutter-Lardeau est fondatrice Evidence Santé.
Sandrine Doppler est fondatrice « l'Effet Doppler » et experte en transition alimentaire.
Caroline Nobile est directrice générale de Inswip et directrice marketing.
Marie-Pierre Membrives est fondatrice Tastebuds et cheffe de projet de Cantines Révolution.
Emilie Orliange est consultante en projets alimentaires.
Jean-François Narbonnet est toxicologue.
Jennifer Oses est écotoxicologue.
Freddy Thiburce est co-fondateur et directeur général de Manger du Sens.
Michel Rota est fondateur de Wellnesstraining.
Julia Terpman-Perot est consultante et responsable de développement du collectif En Vérité.
Hany Neamatalla est cardiologue.
Vittorio Bacchetta est médecin généraliste.
Michaël Bohbot est médecin généraliste.
Renaud David est psychiatre.
Pierre Guedj est cardiologue.
Stéphane Mouly est médecin interniste.
Jérôme Palazzolo est psychiatre.
Pierre Rouzaud est tabacologue.
Michael Stora est psychanalyste.
Gabriel Malka est responsable du pôle santé de l'Université Mohammed VI au Maroc.
Redouane Rabii est médecin urologue certifié de l'ordre national et professeur à l'Université de médecine de Casablanca.
Serigne-Magueye Gueye est professeur d'urologie à l'Université Cheikh Anta DIOP de Dakar.
Idrissi Hamza est anesthésiste réanimateur.
Benjelloun Faycal est ophtalmologue.
Leila El Amrani est psychologue spécialiste des addictions.
Valérie Elfassy est psychologue addictologue.
Khalid Ouqezza est psychiatre addictologue.